lundi 12 janvier 2009

Frozen Rivers, de Courtney Hunt

J'ai vu hier soir Frozen Rivers.
Très beau film, qui nous montre la réalité sinistre des Indiens qui vivent à la frontière des USA et du Canada, et qui, pour vivre sont contraints à des trafics d'immigrants clandestins, souvent des esclaves chinois qui vont travailler pour se "libérer" de leurs propriétaires qui les ont exportés. Les passeurs doivent leur faire traverser la rivière gelée, au péril de la vie de tous. Les paysages glacés sont la métaphore d'une vie dure comme de la glace.
Ce qui est intéressant, c'est que les "Blancs" sont logés à la même enseigne de misère que les Indiens : égalité par le bas, dans le malheur, comme l'héroïne, mère de deux gamins et mariée avec un homme "malade", un joueur qui l'a plaquée au moment de payer la maison (des maisons toutes faites qu'on amène en camion comme on livre un frigo). On est dans une zone de non-droit dès qu'on entre en territoire indien. Les Indiens sont sous la direction d'un conseil qui veille au bon ordre du trafic et les Blancs échappent à toute loi dès qu'ils y pénètrent. Le film nous fait traverser plusieurs fois la rivière gelée et trembler d'inquiétude à l'idée que la glace se rompe ou qu'il arrive quelque dispute grave entre les leaders des traficants, tous cyniques et armés. Il y a ainsi un suspense qui l'a fait comparer à un thriller par la critique. L'héroïne, jouée par une actrice au beau visage ridé, arrivera à acheter sa maison au prix de trois mois de prison pour trafic de Chinois d'une rive à l'autre, ce qui est moins cher payé qu'en travaillant légalement comme vendeuse dans un supermarché.
Il est dommage, cependant, qu'un scénario mélo double la dureté implacable du film et son immoralisme social salutaire, par une histoire à l'eau de rose, difficilement crédible.
L'héroïne blanche trafique en équipe avec une Indienne qui la guide (en échange elle fournit la voiture avce un coffre assez grand pour loger deux clandestins). L'Indienne a dû confier son enfant à sa belle-mère, faute d'argent. Au moment où la Blanche touche au but, elle préférera la prison pour laisser de l'argent à sa coéquipière, afin qu'elle puisse récupérer son bébé. Avec cet argent, sa maison sera achetée et logera les enfants de l'une et le bébé de l'autre.
Si on ajoute à ça une autre histoire de bébé clandestin gelé, jeté dans un sac sur la glace par moins trente degrés lors d'un passage, et que les deux femmes sauveront de la mort (on a du mal à croire qu'il ne soit pas congelé, à vrai dire, et d'ailleurs, c'ets présenté comme une sorte de miracle), le mélo est complet.
Les mères sont irréprochables, héroïques, se sacrifient sans mot dire pour une autre mère... Il est difficile de croire à tant de solidarité dans un monde de misère : un conte de Noël ?
Le 12 janvier 2009, Aglaé

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